Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/20

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Le château fit une résistance héroïque, il refusa de capituler. Sur ses murs croulants, les assiégés se défendaient encore. Il fut envahi. Les vainqueurs ouvrirent les portes, on abaissa les ponts et le prince de Toza pénétra dans le château de Nagato au son d’une musique triomphale.

Dans la première cour où il entra, le spectacle qui frappa ses yeux l’impressionna désagréablement.

On n’avait pas eu le temps d’enterrer les morts ; on les avait réunis dans cette cour, assis à terre, adossés à la muraille ; ils étaient là une centaine avec leur face verte, leur bouche et leurs yeux grands ouverts, leurs bras pendants : ils étaient terribles.

Le prince de Toza s’imaginait qu’ils le regardaient et lui défendaient d’entrer. Comme il était superstitieux, il fut sur le point de rebrousser chemin.

Il domina vite cette faiblesse cependant, il pénétra dans une salle du palais et ordonna qu’on amenât devant lui le seigneur, ses femmes, ses enfants et toute sa maison.

Ils parurent bientôt.

Il y avait là des femmes âgées, quelques-unes accompagnant leur père très-vieux et tremblant, quelques jeunes filles, des enfants. Le seigneur s’avança, tenant son fils par la main, Fatkoura marchait près de lui.