Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/239

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de la pluie, des montagnes métalliques, au dieu Lune « qui regarde à travers la nuit », enfin aux premiers hommes, dont la postérité peupla l’île. Alors les créateurs du Japon remontèrent au ciel en confiant le gouvernement du monde à leur fille bien-aimée, la déesse Soleil.

Tous les sujets de la lumineuse divinité doivent, une fois au moins dans leur vie, faire un pèlerinage à son temple de Naïkou, afin de purifier leur âme. C’est pourquoi cette ville est sans cesse encombrée de pèlerins qui arrivent ou repartent ; les uns sont venus à cheval ou en norimono ; d’autres, et ce sont les plus méritants, à pied, portant une natte de paille qui leur sert de lit, et une longue cuillère de bois pour puiser l’eau aux ruisseaux du chemin.

Le temple est d’une grande simplicité, c’est un petit bâtiment, ouvert sur une de ses faces, surmonté d’un large toit de chaume, environné de cèdres centenaires et précédé, à une vingtaine de pas, par un Torié, portique sacré, qui se compose de deux hautes poutres se penchant un peu l’une vers l’autre et qui sont rejointes à leur faîte par deux traverses dont la plus haute a ses extrémités recourbées vers le ciel. Le temple n’abrite qu’un grand miroir rond en métal poli, symbole de clairvoyance et de pureté.