Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/261

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la plus grande partie de l’armée était vendue à Hiéyas et, qu’au moment du combat, Fidé-Yori serait enveloppé par ses propres soldats et fait prisonnier. Il disait avoir surpris ce secret et être accouru pour prévenir le siogoun et l’empêcher de tomber dans un piège odieux.

— Rentre dans la forteresse, disait-il à Fidé-Yori, à l’abri de ses remparts, tu peux encore te défendre et mourir noblement, tandis qu’ici tu es à la merci du vainqueur.

Après quelques hésitations, on était rentré dans la ville. Cette histoire de trahison était complètement inexacte : c’était une perfidie de Hiéyas qui, bien qu’il fût fort, ne dédaignait pas d’employer la ruse. Mais le peuple n’accepta pas cette raison, la rentrée des soldats fit le plus déplorable effet.

— Ils ne savent pas se conduire, disait-on.

— Ils sont perdus, tout est fini maintenant.

— Après tout, cela ne nous regarde pas. La moitié de la population commençait à désirer l’avènement de Hiéyas.

Le siogoun était à peine rentré dans le château que l’armée ennemie attaqua les faubourgs de la ville. Les habitants s’enfermèrent dans leurs maisons. Un combat terrible s’engagea, on défendait le terrain pied à pied. Cependant l’ennemi avançait. On se battait dans les rues peu larges, aux bords