Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/37

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fou mourant, mangeaient du riz dans des grands bols enveloppés de paille.

— Tika, dit Fatkoura en regardant ces hommes et les armes qui brillaient près d’eux, un sabre est un compagnon fidèle qui vous ouvre la porte de l’autre vie et vous permet d’échapper au déshonneur. Le vainqueur m’a pris le poignard que je portais avec moi. Tâche de voler le sabre d’un de ces soldats.

— Maîtresse ! dit Tika en jetant un regard effrayé sur la jeune femme.

— Obéis, dit Fatkoura.

— Alors, éloignons-nous de ceux qui sont éveillés et reste en arrière, le bruit de tes robes pourrait nous dénoncer.

Tika se coula entre les touffes de fleurs, puis elle s’étendit sur l’herbe et s’allongea le plus qu’elle put vers un soldat couché au bord de l’allée. Il dormait sur le dos, le nez en l’air ; son sabre était posé à côté de lui.

La jeune fille toucha l’arme du bout des doigts, ses ongles contre le fourreau firent un petit bruit ; le cœur de Tika battait très-fort.

Le soldat ne remua pas.

Elle s’avança encore un peu et saisit le sabre par le milieu, puis elle se recula lentement en glissant sur l’herbe.

— Je l’ai, maîtresse ! dit-elle tout bas en revenant vers Fatkoura.