Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/38

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— Donne ! donne ! je me sentirai plus calme avec ce défenseur près de moi.

Fatkoura cacha le sabre contre sa poitrine, puis elle se remit à marcher rapidement sans savoir où elle allait.

Tout à coup elle se trouva à quelques pas du palais habité par le prince de Toza ; des gens allaient et venaient, elle entendait un bruit de voix ; elle s’approcha encore et s’agenouilla derrière un buisson.

Elle prêta l’oreille.

Elle surprit quelques mots et comprit que l’on félicitait le prince sur la capture qu’il venait de faire. Les inférieurs s’exprimant à demi-voix, respectueusement, Fatkoura entendait mal, mais le prince de Toza prit la parole à voix haute et alors elle n’entendit que trop.

— Je vous remercie, dit-il, de prendre part à la joie que me cause l’événement dont il s’agit ; Nagato est l’ennemi le plus acharné de notre grand Hiéyas, c’est donc une grande gloire pour moi de le délivrer de cet adversaire détesté, je l’ai condamné au dernier supplice, il sera exécuté demain au milieu du jour dans l’enceinte de la forteresse et l’on portera de ma part sa tête à Hiéyas.

Fatkoura eut la force de ne pas crier. Elle alla rejoindre Tika, elle en savait assez. Sa pâleur était effrayante, mais elle était calme,