Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/39

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elle écrasait le sabre contre sa chair, il lui faisait mal, mais la tranquillisait.

— Je t’en conjure, rentre, maîtresse, dit Tika ; si l’on te surprenait, on se défierait de nous et on nous enfermerait.

— Tu as raison, dit Fatkoura, mais il faut absolument que je sache dans quelle partie du palais on a conduit Nagato. Ils veulent me le tuer, ils le condamnent à une mort ignominieuse. Si je ne puis le sauver, je lui porterai du moins de quoi mourir noblement.

— Moi je puis passer inaperçue, dit Tika, je puis causer avec les serviteurs sans éveiller de soupçon, je saurai découvrir ce que tu veux savoir.

Fatkoura rentra dans le palais, et accablée se laissa tomber sur des coussins presque sans pensée.

Tika resta longtemps absente ; lorsqu’elle revint, sa maîtresse était encore à la même place, immobile.

— Eh bien, Tika ? dit-elle dès qu’elle aperçut la jeune fille.

— Je sais où il est, maîtresse, on m’a montré de loin le pavillon qui l’abrite, je saurai t’y conduire.

— Allons ! dit Fatkoura en se levant.

— Y songes-tu ? s’écria Tika ; il fait encore grand jour ; il faut attendre la nuit.

— C’est vrai, dit Fatkoura, attendons.