Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/89

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lui fit une grimace, puis il promena son regard autour de la tente.

Sur une natte, non loin du maître, un serviteur dormait.

Une écritoire, quelques tasses de porcelaine rare étaient posées sur un escabeau très-bas, en bois noir ; dans un coin, une cuirasse complète, affaissée sur elle-même, faisait l’effet d’être un homme coupé par morceaux. Un grand coffre de laque rouge sur lequel saillissaient en or les trois feuilles de chrysanthème, insignes de Hiéyas, attirait la lumière et luisait.

Contre ce coffre était appuyé le sac de paille contenant la tête de Sado. Hiéyas l’avait voulu garder pour la montrer le lendemain à tous ses soldats.

Léo devina que la tête coupée devait être enfermée dans ce sac ; il rampa jusqu’à lui et l’ouvrit ; mais à ce moment Hiéyas s’éveilla. Il poussa plusieurs gémissements de douleur, s’essuya le front et but quelques gorgées d’une boisson préparée pour lui. L’enfant s’était dissimulé derrière le coffre, il retenait sa respiration. Bientôt le vieillard retomba sur les coussins et s’assoupit de nouveau.

Alors Loo tira la tête hors du sac et l’emporta.

À peine était-il hors de la tente que des cris d’alarme retentirent de tous côtés. On