Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entendait des piétinements de chevaux, des chocs d’armes à travers le bruissement continuel des arbres dans le vent.

Hiéyas s’éveilla une seconde fois et se leva tout essoufflé par le sursaut. Il écarta la draperie qui fermait la tente.

Un éclair l’éblouit, puis il ne vit rien qu’une obscurité profonde. Mais bientôt, à la lueur d’un nouvel éclair plus long, plus brillant que le premier, il aperçut avec une horrible épouvante celui qu’il croyait mort, celui dont il avait tenu entre les mains, quelques instants auparavant, la tête inanimée, le prince de Nagato, le glaive à la main, passant sur un cheval qui sembla à Hiéyas ne faire aucun bruit.

Ses nerfs affaiblis, son esprit surexcité par la fièvre ne lui permirent pas de réagir contre cette terreur superstitieuse ; sa force d’âme l’abandonna ; il poussa un cri effrayant :

— Un fantôme ! un fantôme ! hurla-t-il, répandant l’effroi dans le camp entier. Puis il tomba rudement à terre sans connaissance. On le crut mort.

Quelques chefs reconnurent aussi le prince de Nagalo et, non moins effrayés que Hiéyas, achevèrent de mettre le désordre dans l’armée.

Le cri : « Un fantôme ! » courait de bou-