Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

che en bouche. Les soldats, qui étaient sortis au cri d’alarme, rentraient précipitamment sous leurs tentes.

Quelqu’un d’héroïque eut l’idée de s’approcher du sac pour voir si la tête coupée y était toujours. Lorsqu’il s’aperçut qu’elle avait disparu, cet incrédule se mit à pousser des clameurs effroyables en annonçant la nouvelle ; la confusion était à son comble ; tous les hommes se jetaient à plat ventre en invoquant à hauts cris les Kamis ou Bouddha, selon leur croyance.

Le prince de Nagato et ses hommes furent très-surpris de l’accueil qu’on leur faisait, mais ils en profitèrent et traversèrent le bois sans être inquiétés.

Lorsqu’ils furent de l’autre côté de la forêt, ils s’attendirent les uns les autres, puis se comptèrent ; pas un ne manquait, ils étaient tous à cheval.

— Vraiment les kamis nous protègent, disaient les matelots ; qui aurait cru que l’aventure se terminerait ainsi !

— Et qu’on nous prendrait pour des fantômes !

On allait se mettre en route.

— Et Loo ! s’écria tout à coup Raïden, où est-il ?

— C’est vrai, dit le prince, lui seul n’est pas revenu.