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Page:Gautier - L’art moderne, Lévy, 1856.djvu/45

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retiré dans la caverne de Thur avec quelques fidèles ; il est accroupi à la manière orientale, l’air calme et résigné, s’appuyant la tête sur la main gauche, et de la droite tenant nue sa caractéristique épée à deux pointes. Cette attitude impassible au milieu du danger exprime la doctrine du fatalisme qui fait le fond de la religion musulmane.

Sur le premier plan, Abou-Beker se traîne à plat ventre pour voir, à travers les broussailles, le chemin que prennent les ennemis qui poursuivent le prophète et ses compagnons. Omar, adossé à la paroi rentrante de la grotte, regarde avec étonnement l’araignée ourdissant à l’entrée du souterrain la toile miraculeuse et les pigeons pondant sur le seuil les œufs destinés à détourner les soupçons des investigateurs en leur prouvant que depuis longtemps personne n’a pénétré dans la caverne : les coureurs et les espions Koraïschites sont vus à mi-corps au-dessus des broussailles. A leur tête on distingue Sokara, d’abord persécuteur acharné, ensuite fervent admirateur de Mahomet, dont il suivait les traces au moyen de flèches divinatoires. Le cheval de Sokara butte arrêté par une prière du prophète.

Voilà donc la composition d’un de ces piliers fondamentaux. D’abord la Foi, figure abstraite et symbolique ; la foi, qualité nécessaire pour admettre les idées religieuses. ensuite, comme pour servir de date à cette qualité de l’âme, le petit Génie au masque puéril, car l’enfance croit sans preuve, ce qui est le propre de la Foi. Puis le personnage qui anthropomorphise [sic] l’idée, Moïse, avec le cartouche résumant sa destinée, et enfin, sur les plans latéraux, deux compositions emblématiques et historiques à la fois, qui attestent et confirment la pensée générale.