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Page:Gautier - L’art moderne, Lévy, 1856.djvu/44

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corps où le reflet de l’Eternel brillait en rayons inextinguibles, et les esprits sombres du néant n’avaient pas le courage de consommer leur œuvre sur cette chair illuminée des flammes du Sinaï. Le créateur fut obligé de faire la besogne du destructeur. Rien n’est plus triste et plus solennel que ce Dieu descendant son prophète dans la fosse, et jamais la peinture n’a atteint cette grandeur sauvage et désespérée.

Ce cartouche ou caisson supporte le pendentif aigu à sa base et s’évasant par en haut.

Dans la portion inférieure et resserrée en gaîne [sic], Chenavard a dessiné un petit Génie qui tient un masque enfantin pour exprimer l’âge puéril de l’humanité. Ce masque a, en outre, une autre signification. Les âges de l’humanité, qui est l’éternité collective, ne sont qu’apparents et relatifs.

Par-dessus, dans un compartiment qui ressemble à un triangle dont la pointe serait tournée vers le bas, se groupe une colossale figure de la Foi qui rappelle le goût et le style des fameuses sybilles [sic] de Michel-Ange. Elle a les ailes étendues et la tête dans le ciel ; une nuée mystérieuse la cache en partie ; son vêtement, austèrement drappé [sic], rappelle celui des vestales ; le soleil se lève à ses pieds : c’est l’aurore de la civilisation.

Sur les faces postérieures, on voit le Christ détaché de la colonne pour être conduit au Calvaire, et l’Hégire ou fuite de Mahomet.

Le Christ, conçu à la manière des grands maîtres, n’a pas besoin d’explication. L’Hégire, sujet tout à fait neuf, demande quelques détails : Mahomet, poursuivi par les habitants de la Mecque qui le voulaient poignarder, s’est