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Page:Gautier - L’art moderne, Lévy, 1856.djvu/71

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devant un tronc autour duquel se groupent les quatre animaux mystiques. Les vieillards de l’Apocalypse symbolisant les puissances spirituelles et temporelles, tendent au Verbe, en signe d’hommage, leurs encensoirs et leurs couronnes.

A droite, les quatre anges des vertus cardinales, la Force, la Justice, la Tempérance et la Prudence, amènent au pied du Verbe les dieux de l’Orient, qui s’agenouillent dans des attitudes humbles et soumises : le vieux Chronos, Jupiter, plus loin Isis à la tête de vache, et tout au fond, au coin d’un nuage, la figure cachée par un pan de draperie, un être énigmatique qui représente les dieux inconnus. – L’ange de la Force, vêtu d’une armure d’or, est de la plus grande beauté.

A gauche, les trois vertus théologales, la Foi, l’Espérance et la Charité, conduisent les dieux du Nord, Odin ayant sur les épaules les corbeaux Hugin et Munnin, c’est-à-dire l’esprit et la mémoire, qui lui racontent tout ce qui se passe, et tenant en main un rameau du frêne Ygrasil, l’arbre merveilleux, et Thor, le fils d’Odin, qui s’agenouille près de son père dont il est séparé par le loup Freki.

Le peintre, par une idée ingénieuse et singulière, a donné à l’ange de l’Espérance la forme d’un squelette. Selon lui, la mort, c’est le désir d’une autre vie, d’une incarnation différente et supérieure ; au moment de dépouiller son enveloppe, l’âme ne peut qu’espérer l’immortalité. Le squelette est donc l’emblème de l’espérance ardente.

Dans le coin se groupent des divinités vagues et nébuleuses, Teutatès et Irmensul, que semble baigner l’ombre froide des forêts druidiques.