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Page:Gautier - L’art moderne, Lévy, 1856.djvu/72

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Un banc de nuages étroits forme la ligne de démarcation de cette partie céleste et génésiaque du tableau qui occupe à peu près le tiers du cercle. On pourrait dire relativement qu’elle représente le passé, comme la portion du milieu représente le présent et la portion inférieure l’avenir.

Sous les nuages s’étend une espèce de portique d’une architecture primitive et sévère, dont les colonnes encadrent des scènes d’un choix significatif.

Au milieu, sous une triple arcade, s’élève une idole d’une forme mystérieuse et singulière et d’une composition hybride qui fait penser aux divinités de l’Inde. Cependant ni la pagode pyramidale de Jaggernaut, ni le temple cryptique d’Eléphanta, n’ont vu sur leurs autels cette étrange et nouvelle création.

Au milieu, la vache brahmanique vue de face et les genoux placés sur son fanon rumine quelque pensée de cosmogonie. A droite, le griffon de Perse, la patte allongée, l’aile frémissante, semble garder un trésor, tandis qu’à gauche le Sphinx de Chaldée se distrait de l’éternité par des rêves de granit.

Sur le dos de ces trois bêtes soudées ensemble est posée la nef égyptienne, la Bari mystique qui transporte les âmes ; la nef porte elle-même l’arche d’alliance surmontée à son tour du ciboire avec l’hostie rayonnante.

Ce symbole exécuté en granit rouge se répétera au fond du temple et remplacera l’autel sous une rotonde de douze colonnes qui supporteront une frise à douze compartiments où les Olympiens seront sculptés en bas-relief.

Par ce monument fait avec les symboles de tous les cultes fondus ensemble, Chenavard a voulu marquer que