Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/178

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’ennemi de la tranchée qu’il devait emporter, et à jeter la confusion dans les rangs des Anglais, qui ont aussi à déplorer la perte d’un officier de valeur : le capitaine Brown. Bussy se maintient dans l’emplacement conquis, jusqu’au moment où il voit des forces considérables s’élancer pour le reprendre. Devinant alors que l’autre colonne a essuyé quelque revers, il ordonne la retraite, et, malgré un feu très meurtrier, se replie sans désordre. Au moment où un détachement va sortir de la ville pour se porter à son secours, les volontaires y rentrent en bon ordre, rapportant les blessés et les morts.

Kerjean, blessé au pied depuis quelques jours, enrageait dans sa chambre, dont il ne pouvait sortir. Bussy l’alla voir quelques instants et le blessé l’interrogea avidement sur la sortie, sur les opérations prochaines.

— Le bombardement commencera cette nuit ou demain matin, dit Bussy ; les Anglais auront terminé leurs tranchées ; mais, comme, grâce au marais qui les empêche d’approcher, elles sont établies à sept cent cinquante toises du chemin couvert, leur feu n’aura pas beaucoup d’effet. Cet amiral Boscawen est peut-être un bon marin, mais, par bonheur pour nous, il n’a aucune expérience des sièges. La nuit dernière ils se sont avancés, sans le reconnaître, dans un petit bois où nous étions en embuscade, et nous avons pris les canons, que le détachement conduisait des vaisseaux aux camps. Et vous, ajouta-t-il, ne savez-vous rien de l’extérieur ?

— Nous sommes admirablement renseignés, dit