Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/218

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pierreries, mais ici les bijoux vivaient : c’étaient des oiseaux de toute sorte, aux merveilleux plumages. Dallée d’un marbre si poli que les colombes aux pattes roses y glissaient, et ombragée d’arbres qui semblaient prendre racine dans la pierre, cette cour se creusait, au centre, en un bassin entouré de marches sur lesquelles toute une population de volatiles aquatiques lustraient leurs plumes ou battaient des ailes ; des cygnes et des canards dorés naviguaient sur cette eau, fleurie de lotus rouges.

Pour ne pas effrayer les oiseaux, on avait prié le marquis de descendre de cheval ; mais on ne le laissa pas pénétrer dans la huitième cour où s’élevait le palais de la reine ; on lui fit traverser, à gauche, un appartement, où il vit des salles historiées de figures mythologiques ou héroïques, qui lui rappelèrent les peintures égyptiennes ; il ne fit que passer dans ces salles et ressortit dans un délicieux jardin.

Ici, sous les arbres hauts à merveille, étaient suspendues à une seule branche, comme le plateau d’une balance, des escarpolettes de soie ; et il aperçut, sur les pelouses, de gracieuses jeunes filles, faisant la chasse aux papillons bleus, avec des étourneaux dressés.

À mesure qu’il avançait, les parterres et les bosquets lui apparurent, étalant des fleurs plus belles que toutes celles qu’il avait vues jusqu’alors dans l’Inde. Il admira l’étrange Kéora, à la fleur énorme d’une odeur exquise de musc frais, le bleu Clitoria, l’Asolka cramoisi, le blanc Tchen-Pali, le Gurhil arborescent, semblable au rosier, mais qui, hors des