Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/219

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calices épanouis, fait jaillir une tige mince portant un cœur d’un rouge magnifique ; le Madhavi, aux fleurs vertes comme des émeraudes, et la pâle Anicha, si délicate qu’elle se fane quand on la respire. Puis, au bord des fontaines, les lotus charmants, d’azur, d’or ou de pourpre.

On le conduisit à une gracieuse construction, entourée de colonnettes de jaspe à chapiteaux dorés. Sous la véranda, des femmes s’avancèrent vers lui, souriant d’un air affable, qui contrastait avec la mine sévère des pages qui l’avaient guidé jusque-là.

— Entre, jeune étranger, dirent-elles, viens te réconforter et te délasser du voyage ; tu es ici chez la princesse Lila.

— La princesse Lila ! s’écria Bussy, est-il donc vrai qu’elle m’est favorable ? Aurai-je le bonheur de la voir ?

— Elle est avec la reine, dans l’île du Silence ; c’est là que nous devons te conduire, quand la lune se lèvera, dit une des femmes.

— La princesse a dit : que l’étranger soit ici comme un frère chez sa sœur, reprit une autre ; il faut lui obéir. Seigneur, on a préparé pour toi le bain parfumé, les mets délicats et les boissons fraîches.

Le jeune homme se laissa faire ; il passa la fin de la journée étendu sur des coussins, attendant la nuit, avec une joie fiévreuse mêlée d’angoisse.

Quand on vint lui dire qu’il était temps de se rendre au rendez-vous, il se redressa en sursaut en s’écriant :

— Déjà !