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XX

LES DEUX SOUBABS

Nasser-Cingh donna l’ordre de décapiter le premier qui lui annonça que Gengi, l’imprenable, avait été prise, en quelques heures, par deux cent cinquante Français. Un tel mensonge, disait-il, était une offense à la majesté royale. Et tandis que la tête du messager tombait sous la hache, il s’en était allé dans son zénanah, pour juger de la beauté de trois Circassiennes, qu’on venait d’acheter, pour lui, un prix exorbitant.

Il fallut bien cependant admettre la nouvelle, quand tous les nababs, l’attabek, les umaras, la lui eurent confirmée, l’un après l’autre : Gengi était prise ! cette chose impossible était certaine.

L’Inde demeurait comme frappée de stupeur ; on jugeait les Français invincibles, et le nom de Bussy courait, environné de terreur et de lumière.

On apprit en même temps que les vainqueurs ne s’attardaient pas dans leur triomphe, que déjà ils étaient en marche vers Arcate.