Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/263

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une relique ; mais, sans qu’il les vit, deux guerriers, coiffés d’un casque, dont le nasal abaissé les masquait, étaient entrés sur ses pas. L’un d’eux s’élança, lui mit un poignard sur la gorge.

— Si tu tiens à vivre, être immonde, lui dit-il, jure-nous que tu n’exécuteras pas l’ordre exécrable du soubab, et que tu défendras plutôt ton captif.

— C’est avec joie que je le jure, dit l’esclave, il n’était pas besoin de menace.

— C’est bon ; recule-toi, veille à ce que personne n’entre.

Les guerriers firent glisser, dans la rainure du casque, le nasal damasquiné qui remonta sur le front, les démasquant. C’étaient les nababs de Kanoul et de Kadapa.

Ils venaient mettre Mouzaffer-Cingh au courant de la conspiration ourdie en sa faveur, et, avant de la faire éclater, lui poser leurs conditions.

Ils eurent des exigences si fortes, qu’en les écoutant parler, le soubab dépossédé se mordait les lèvres et baissait le front. Cependant il promit tout ce qu’ils voulurent, attestant le nom d’Allah que ceux qui aidaient à sa fortune n’auraient pas à se plaindre.

Le bourreau fit signe qu’il fallait se séparer. Les timbales royales résonnaient, indiquant que l’armée se mettait en marche, et il devait conduire son captif auprès de Nasser-Cingh, selon les ordres qu’il avait reçus.

C’était un tumulte magnifique au dehors, une cohue brillante d’hommes et de chevaux, se hâtant, dans le