Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/276

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dard de drap d’or. Dans ses plis lourds on apercevait, ou plutôt l’on devinait ces mots, brodés en perles : La ghâleb illa Allah : « Il n’y a pas d’autre vainqueur qu’Allah. » Une garde d’élite, chargée en temps de guerre de défendre le drapeau, l’entourait.

On voyait ensuite les représentants de deux des privilèges de la souveraineté : l’intendant de la Sikka, qui est l’empreinte frappée sur les monnaies, et le gardien du Tiras, droit qu’a seul le monarque de faire tisser son nom dans les étoffes de ses vêtements.

Puis venaient, sur des chevaux aux caparaçons noir et or, le grand et le petit Porteur de l’encrier, suivis des Scribes de l’Écriture large et de l’Écriture fine.

Après eux, la lance au poing, sous le frisson soyeux des bannières, s’avançaient les nobles, les chambellans, les hauts fonctionnaires magnifiquement vêtus, orgueilleux et graves. Le front de leurs chevaux secouait des aigrettes de plumes ; ils avaient tous la crinière tressée, mêlée de fils d’or et de glands de perles, les sabots peints en vermillon, des poitrails de pierreries, et des anneaux cerclant le bas de leurs fines jambes.

Les vieillards, formant le Divan, ou conseil d’État, apparurent, sur de hauts éléphants, dont les housses somptueuses balayaient les fleurs des tapis ; parmi eux était le rajah Rugoonat Dat, Wezir-el-Mémalik, premier ministre, tenant le sceau de cristal, emblème de sa dignité.

Des attelages de zébus blancs, la bosse peinte en bleu et les cornes dorées, traînaient des chars d’argent ciselés, surmontés de dais en plumes de paons ;