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XXIII

CATASTROPHE

C’est la nuit, et Bussy tenant à la main son épée, toute ternie de sang, rentre sous sa tente, pâle, défait, et se laisse tomber sur un siège, d’un air accablé.

Un affreux malheur est arrivé : Mouzaffer-Cingh, la cervelle emportée, est couché sur l’étendard royal, et le Dekan n’a plus de maître.

Ainsi que Dupleix le prévoyait, les nababs mécontents ont saisi le plus frivole motif pour faire éclater une révolte. Sous prétexte que l’arrière-garde de cette immense armée qui suivait le soubab, en traversant la nababie de Kadapa, a endommagé les moissons, ils ont attaqué la partie des troupes qui escortait le harem du roi, et aucune injure ne pouvait être plus sanglante que celle-là, les femmes étant sacrées, même pour l’ennemi, en temps de guerre. Hors de lui, à la nouvelle d’un tel outrage, le soubab, sans prendre le temps de prévenir le bataillon français,