Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/346

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Alors il essayait de se rendre compte de la disposition du palais, de son bizarre enchevêtrement d’édifices peu élevés en grès rose ou en marbre blanc, avec leur toiture en terrasses à balustrades légères, entrecoupés de cours, de jardins, de galeries et dominés par de gracieuses portes triomphales, des tours crénelées et des toits de pierre sculptée, en forme de pyramide ou d’œuf.

Un étang brillait, à peu de distance, comme un morceau de ciel, et des marches de marbre de tous côtés l’entouraient.

C’était un étang sacré, car, au moment où le soleil touchait l’horizon, des brahmanes y parurent. Dépouillant leur robe blanche, ils descendirent les degrés. Ils venaient faire leurs ablutions et accomplir le sandia du soir. En souriant, Bussy se penchait pour voir leurs momeries, et cherchait à découvrir si Panch-Anan était parmi eux.

Les prières terminées, ils revêtirent des robes nouvelles, d’un lin immaculé, et se retirèrent.

Un calme merveilleux s’établit alors ; l’éclat du jour, de plus en plus, s’apaisa dans une limpidité fraîche ; les verdures se veloutèrent, les blancheurs s’endormirent ; cessant de vibrer, l’atmosphère prit l’apparence d’un pur cristal, l’étang immobile parut comme un gouffre d’azur et, pareil à l’arc de Kama-Deva, le croissant s’argenta dans le ciel.

Bussy sentait croître son émotion ; il était seul maintenant ; elle allait venir.

Tout à coup, le cinglement sifflant d’un millier d’ailes, s’ouvrant brusquement, brisa le silence, et la