Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/352

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nouie derrière elle, lui faisait un fond relativement sombre.

Guidé par les maîtres des cérémonies, qui s’appuyaient à de hautes cannes d’or, l’ambassadeur s’avança, suivi des officiers français, des umaras, et des esclaves portant les présents du roi. La porte fut refermée et l’aveuglante vision s’apaisa, devint plus douce. Bussy chercha le beau regard adoré, qui venait au-devant du sien, et ses chauds et vivants rayons effacèrent toutes ces splendeurs inertes.

Hors la reine, seule sur l’estrade élevée, toute l’assistance était debout : à gauche les princesses, dans les plus riches parures, les astrologues, les devins ; à droite les brahmanes, au teint clair, et vêtus de blanc ; puis des deux côtés de la salle, les nobles, les chefs guerriers, les poètes officiels, les fonctionnaires.

À quelques pas en avant du trône, trois tigres, qui avaient des colliers ornés de pierres précieuses, étaient enchaînés à un anneau scellé au sol. Ils semblaient repus et somnolents, allongeaient leur mufle sur leurs pattes étendues et clignaient leurs yeux d’or.

Un siège avait été préparé, et orné de l’écusson fleurdelisé, pour l’ambassadeur qui, représentant un roi, ne devait pas rester debout ; d’un côté, un garaoul portait l’étendard du Dekan ; de l’autre, le drapeau français se déployait, tenu par un grenadier. Mais avant de gagner sa place, l’ambassadeur devait rendre hommage à la reine, en s’inclinant devant elle, jusqu’à toucher du front ses pieds, puis lui remettre la missive du soubab, qui était scellée et