Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/414

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tant, cette faiblesse s’atténua et bientôt disparut complètement.

Un courrier de Pondichéry arriva apportant une lettre très urgente de Dupleix, et qui ne pouvait être encore la réponse à celle que lui avait adressée Bussy.

Le marquis ouvrit la lettre et, quand il eut fini de lire, il se tourna vers ses amis.

— Rien que des malheurs, dit-il froidement. On a intercepté une lettre du traître Seid-el-Asker-Khan au gouverneur de Madras, et l’on tient les fils d’un complot très bien ourdi : les Mahrattes rompent la paix et s’allient à Nazi-ed-din, le nouveau prétendant, et aux Anglais ; le ministre enlève le roi, pour l’arracher à l’influence française, et le conduit vers Aurengabad. On a éparpillé nos troupes de tous côtés, de façon à les affaiblir, et on a tout employé pour les démoraliser. Les renforts que Dupleix attendait ne viendront jamais ; notre compagnon d’armes, le major de La Touche, a brûlé en mer avec les sept cents hommes qu’il amenait. Le gouverneur me supplie, même si je ne suis pas complètement rétabli, de partir immédiatement pour reprendre le commandement de l’armée. « Vous ne serez pas rendu à Hyderabad, me dit-il, que vous sentirez la nécessité de ce voyage et que tout y était perdu sans votre présence. Les lettres que je reçois me font dresser les cheveux. La débauche en tout genre y est poussée à l’excès et la nation tombée dans un mépris que vous seul pouvez faire cesser. »

Le marquis referma la lettre.