Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/433

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XXXIII

DJENAT NICHAM

Tous les rites étaient accomplis : prières, jeûnes, purifications, et Ourvaci achevait la veillée suprême.

Laissant ses femmes éplorées, elle avait gagné une haute terrasse, et, d’un regard morne et fixe, contemplait la nuit mourante, ensanglantée sous les coups de l’aurore. À l’occident, la lune pâle touchait l’horizon, et la reine croyait voir un visage attristé, la regardant avec compassion, lui faisant signe, l’attirant vers le gouffre bleu où il allait s’abîmer.

Le jour parut, le dernier que dussent refléter ses yeux ; et le concert des oiseaux commença, aussi joyeux que de coutume ; les colombes familières s’abattirent sur la corniche de grès rose, mais la reine ne les vit pas. Une ombre couvrait encore le palais qu’avait habité l’ambassadeur et, avidement, elle regardait dans cette ombre, voulant découvrir une forme, accoudée sur la balustrade d’une terrasse, à cette place même où elle avait vu l’envoyé