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III

LE PRIX DU SANG

Sans être guérie complètement, la blessure n’offre plus de danger, et Bussy ne veut pas demeurer plus longtemps dans ces lieux inconnus où il devine autour de lui une sourde hostilité. Le brahmane Rugoonat Dat n’est pas revenu, il n’a revu que le médecin mogol, qui lui a donné ses soins presque en silence.

Puisque la reine a quitté le palais, aucun attrait ne retient plus le marquis. D’ailleurs, son congé est expiré depuis plusieurs jours déjà, et il souffre de manquer à son devoir ; il a donc déclaré, malgré sa faiblesse encore grande, qu’il voulait partir, et il doit se mettre en route au jour naissant pour éviter la chaleur.

En attendant que la nuit s’achève, il s’est étendu, tout vêtu, sur les coussins ; Naïk agenouillé près du lit, le menton dans la main, le coude sur le genou, veille en silence.