Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/444

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su dompter la terreur que m’inspirait le ministre et je suis cause de toutes nos douleurs. Ah ! maintenant, je te le livre, nous saurons bien le vaincre à nous deux, l’infâme brahmane !

— Panch-Anan est mort, dit Sata-Nanda qui entra brusquement, les brahmanes hués par la foule se sont dispersés, et, dans l’ivresse de sa joie, le peuple oublie ses préjugés et ses superstitions ; sache profiter de cet instant de sagesse.

Il se pencha vers l’oreille de la reine et lui dit quelques mots à voix basse.

— Oh ! oui, oui ! s’écria Ourvaci, avec un sourire rayonnant.

Elle entraîna le jeune homme, à travers des galeries, des escaliers, jusqu’à la plus haute terrasse du palais, qui apparut couverte de tapis, avec des parfums brûlant dans des cassolettes, et toute la cour réunie là.

Tenant Bussy par la main, Ourvaci s’avança jusqu’à la balustrade de la terrasse, comme pour le présenter au peuple qui, en les apercevant, les acclama avec délire.

Alors, elle prit des mains d’une princesse, une urne d’or contenant de l’eau du Gange, en mouilla le front du jeune homme, pour le sacrer roi ; puis elle tourna autour de lui, le fit asseoir sur un trône scintillant de pierreries ; l’on posa auprès de lui le sceptre et la couronne ; et le parasol royal s’ouvrit au-dessus de sa tête.

— Je te salue roi de Bangalore, dit Ourvaci, à voix haute. J’abdique le pouvoir et le remets entre tes