Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/445

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mains. Accorde-nous la joie de t’avoir pour maître ; je t’en prie au nom du bonheur de mon peuple, et du mien.

Bussy se leva et répondit en regardant la reine avec tendresse :

— J’accepte pour t’obéir cet honneur trop grand, avec la ferme volonté de m’en rendre digne, en consacrant mes forces et ma vie à la défense et à la prospérité de ce pays.

— Victoire au roi ! s’écria Ourvaci en s’agenouillant devant lui. Je ne suis plus que son humble sujette.

Mais il la releva vivement et l’attira sur son cœur.

— Tu es mon paradis et mon dieu, lui dit-il à voix basse, et tous les royaumes du monde ne valent pas un de tes baisers.

Défaillante de bonheur, elle s’appuyait sur le roi, tandis que les courtisans venaient, l’un après l’autre, lui rendre hommage, et dans un mouvement de gratitude elle levait les yeux vers le ciel.

Il n’y avait d’autre nuage, sur l’azur immaculé, qu’un vol de cygnes, dont les plumes neigeuses s’embrasaient au soleil, et qui semblait planer au-dessus des amants, comme un présage de gloire et de félicité.


FIN