Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/63

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rigueur. J’irai porter mon désintéressement et mon innocence au pied du trône.

Et les larmes ne voulaient pas tarir dans les yeux de l’amiral.

— Vraiment, dit Bussy à l’oreille de Kerjean, cela me fait un mal affreux de voir pleurer cet intrépide.

Mais d’Espréménil, que cette scène semblait irriter, s’avança vers La Bourdonnais.

— Monsieur, dit-il, vous êtes décidément bien résolu à rester sourd à nos instances ?

— Rien ne me fera changer de résolution, répondit le commandant en relevant la tête, ma parole est engagée aux Anglais et je tiendrai ma parole.

— Alors, monsieur, j’ai le regret de vous le dire, la mission pacifique est terminée et nous n’avons plus que des ordres à vous transmettre.

Bury sortit de l’ombre. La Bourdonnais, qui ne le connaissait pas, à la vue de son uniforme bleu et rouge à brandebourgs d’or, crut qu’il arrivait de France. Une angoisse extrême se peignit sur ses traits, qui devinrent aussi pâles que la poudre de ses cheveux.

Bury lui présenta la lettre du conseil supérieur qui établissait ses pouvoirs. Puis il donna l’ordre de faire ouvrir les portes, les déclarations dont il était porteur devant être connues de tous.

Les capitaines des vaisseaux, et beaucoup d’officiers de différents grades, envahirent rapidement la salle.

Alors, un greffier commença la lecture du premier décret du conseil supérieur, déclarant que le traité de