— Des fleurs plus belles encore allaient éclore dans mon rêve, dit-il, en étouffant un bâillement. Maître, pourquoi m’as-tu fait lever si tôt ?
— Voyons, prince de Nagato, dit le jeune homme, en posant sa main sur l’épaule de son compagnon, je ne t’ai pas fait lever ; tu ne t’es pas couché cette nuit !
— Que dis-tu ? s’écria Ivakoura ; qu’est-ce qui peut te faire croire cela ?
— Ta pâleur, ami, et tes yeux las.
— Ne suis-je pas toujours ainsi ?
— La toilette que tu portes serait encore trop somptueuse à l’heure du coq[1] ; et regarde ! le soleil se lève à peine, nous sommes à l’heure du lapin[2].
— Pour honorer un maître tel que toi, il n’est pas d’heure trop matinale.
— Est-ce aussi pour m’honorer, infidèle sujet, que tu te présentes devant moi armé ? Ces deux sabres, oubliés à ta ceinture, te condamnent ; tu venais de rentrer au palais lorsque je t’ai fait appeler.
Le coupable baissait la tête, renonçant à se défendre.
— Mais qu’as-tu au bras ? s’écria tout à coup le plus jeune homme en apercevant une mince bandelette blanche qui dépassait la manche d’Ivakoura.
Celui-ci cacha son bras derrière son dos et montra l’autre main.
— Je n’ai rien, dit-il.
Mais son compagnon lui saisit le bras qu’il cachait. Le prince de Nagato laissa échapper un cri de douleur.
— Tu es blessé, n’est-ce pas ! Un jour on viendra