Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/240

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motif de guerre entre nous, attaquer mon royaume. Tu voulais ma tête pour te la faire payer un bon prix par Hiéyas ; le déshonneur est pour toi. Que m’importe ta ridicule sentence !

— Quel est donc cet homme qui parle avec tant de courage ? se disait Fatkoura.

Les samouraïs approuvaient les paroles du prisonnier, ils laissaient voir leur mécontentement au prince de Toza.

— Ne lui refuse pas la mort des nobles, disaient-ils, il n’a rien fait pour mériter une telle rigueur.

Toza avait la rage dans l’âme.

— Je ne trouve pas ma vengeance suffisante, disait-il les dents serrées, je voudrais trouver quelque chose de plus terrible encore.

— Mais tu ne trouves rien, dit le condamné en riant, tu as toujours manqué d’imagination. Te souviens-tu, lorsque tu me suivais, dans les fêtes, dans les joyeuses aventures que j’organisais ? tu n’as jamais su rien inventer, mais ton esprit du lendemain se souvenait de notre esprit de la veille.

— Assez ! s’écria Toza, je t’arracherai la chair avec des tenailles et je coulerai dans tes plaies de la poix bouillante.

— Tu n’as trouvé là qu’un perfectionnement aux moxas inventés par les médecins : cherche encore, c’est trop peu de chose.

— Je ne m’explique pas la conduite héroïque de cet homme, pensait Fatkoura ; il sait qu’il est pris pour un autre et il soutient un rôle qui le conduit à une mort affreuse.

Elle avait envie de crier la vérité, de dire que cet homme n’était pas le prince de Nagato ; mais elle pensait qu’on ne la croirait pas ; d’ailleurs, puisqu’il se