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VIII




Depuis que j’avais quelques notions des différences sociales, je me préoccupais un peu plus de ces visites que nous étions forcées de faire. Quels étaient ces étrangers, que ma chérie semblait craindre et à qui nous devions obéir ?… Pourquoi, chez eux, était-ce du bois brillant par terre, avec tant de choses autrement que chez nous ? J’étais confusément humiliée, quand j’étais là, humiliée pour Elle, surtout, qui avait une attitude pas habituelle.

Après quelques méditations, je crus avoir trouvé : ces gens-là étaient une autre sorte de propriétaires, qui pouvaient nous faire du mal : en tous cas, ils étaient l’ennemi, et je les pris nettement en aversion.

Dès lors, le petit être, qui se laissait traîner rue Rougemont, se montra sous un jour déplorable. Renfrogné, muet, avec des yeux pleins de haine, il repoussait d’un geste brus-