Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/108

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Ces deux belles filles, l’une étincelante d’émaux et de pierres précieuses, l’autre à peine voilée d’une transparente tunique de gaze, formaient un groupe charmant sur ce char aux brillantes couleurs. Huit ou dix serviteurs, vêtus d’une cotte à raies obliques dont les plis se massaient par-devant, accompagnaient l’équipage, se réglant sur l’allure des bœufs.

De ce côté du fleuve l’affluence n’était pas moins grande ; les habitants du quartier des Memnonia et des villages circonvoisins arrivaient de leur côté, et à chaque instant les barques, déposant leur charge sur le quai de briques, apportaient de nouveaux curieux qui épaississaient la foule. D’innombrables chars, se dirigeant vers le champ de manœuvre, faisaient rayonner leurs roues comme des soleils parmi la poussière dorée qu’ils soulevaient. Thèbes, à ce moment, devait être déserte comme si un conquérant eût emmené son peuple en captivité.

Le cadre était d’ailleurs digne du tableau. Au milieu de verdoyantes cultures, d’où jaillissaient des aigrettes de palmiers-doums, se dessinaient, vivement coloriés, des habitations de plaisance, des palais, des pavillons d’été entourés de sycomores et de mimosas. Des bassins miroitaient au