Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/118

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oreilles dans l’intérieur d’un palais, n’avait rien de trop éclatant ni de trop formidable sous la vaste coupole du ciel, au milieu de cet immense espace, parmi ce peuple bourdonnant, en tête de cette armée à lasser les nornenclateurs, qui s’avançait avec le grondement des grandes eaux.

Était-ce trop d’ailleurs de huit cents musiciens pour précéder un Pharaon bien-aimé d’Ammon-Ra, représenté par des colosses de basalte et de granit de soixante coudées de haut, ayant son nom écrit dans des cartouches sur des monuments impérissables, et son histoire sculptée et peinte sur les murs des salles hypostyles, sur les parois des pylônes, en interminables bas-reliefs, en fresques sans fin ? était-ce trop, en vérité, pour un roi soulevant par leur chevelure cent peuples conquis, et du haut de son trône morigénant les nations avec son fouet, pour un Soleil vivant brûlant les yeux éblouis, pour un dieu, à l’éternité près ?

Après la musique arrivaient les captifs barbares, à tournures étranges, à masque bestial, à peau noire, à chevelure crépue, ressemblant autant au singe qu’à l’homme, et vêtus du costume de leur pays : une jupe au-dessus des hanches et