Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/148

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Les danseuses firent leur entrée : elles étaient minces, élancées, souples comme des serpents ; leurs grands yeux brillaient entre les lignes noires de leurs paupières, leurs dents de nacre entre les lignes rouges de leurs lèvres ; de longues spirales de cheveux leur flagellaient les joues ; quelques-unes portaient une ample tunique rayée de blanc et de bleu, nageant autour d’elles comme un brouillard ; les autres n’avaient qu’une simple cotte plissée, commençant aux hanches et s’arrêtant aux genoux, qui permettait d’admirer leurs jambes élégantes et fines, leurs cuisses rondes, nerveuses et fortes.

Elles exécutèrent d’abord des poses d’une volupté lente, d’une grâce paresseuse ; puis, agitant des rameaux fleuris, choquant des cliquettes de bronze à tête d’Hâthor, heurtant des timbales de leur petit poing fermé, faisant ronfler sous leur pouce la peau tannée des tambourins, elles se livrèrent à des pas plus vifs, à des cambrures plus hardies ; elles firent des pirouettes, des jetés battus, et tourbillonnèrent avec un entrain toujours croissant. Mais le Pharaon, soucieux et rêveur, ne daigna leur donner aucun signe d’assentiment ; ses yeux fixes ne les avaient même pas regardées.