Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/151

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qui avait, pendant le défilé triomphal, remarqué l’imperceptible geste de Sa Majesté.

Il dit : « Ô roi aimé des dieux, je me suis détaché du cortège, j’ai traversé le Nil sur une frêle barque de papyrus, et j’ai suivi la cange de la femme sur laquelle ton regard d’épervier a daigné s’abattre : c’est Tahoser, la fille du prêtre Pétamounoph ! »

Le Pharaon sourit et dit : « Bien ! je te donne un char et ses chevaux, un pectoral en grains de lapis-lazuli et de cornaline, avec un cercle d’or pesant autant que le poids de basalte vert. »

Cependant les femmes désolées arrachaient les fleurs de leur coiffure, déchiraient leurs robes de gaze, et sanglotaient étendues sur les dalles polies qui reflétaient comme des miroirs l’image de leurs beaux corps, en disant : « Il faut qu’une de ces maudites captives barbares ait pris le cœur de notre maître ! »