Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/167

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vient d’accorder quelque grâce ; mais l’amoureuse avait remplacé la suppliante, et ses fraîches lèvres roses se détachaient avec peine de ces beaux pieds purs et blancs comme les pieds de jaspe des divinités.

Avant de sortir pour aller surveiller les travaux du domaine, Poëri se retourna sur le seuil de l’appartement et dit à Hora :

« Reste ici jusqu’à ce que je t’aie désigné une chambre. Je vais t’envoyer de la nourriture par un de mes serviteurs. »

Et il s’éloigna d’un pas tranquille, balançant à son poignet le fouet du commandement. Les travailleurs le saluaient en mettant une main sur leur tête et l’autre près de terre ; mais à la cordialité de leur salut on voyait que c’était un bon maître. Quelquefois il s’arrêtait, donnant un ordre ou un conseil, car il était très savant aux choses de l’agriculture et du jardinage ; puis il reprenait sa marche, jetant les yeux à droite, à gauche, inspectant soigneusement tout. Tahoser, qui l’avait humblement accompagné jusqu’à la porte et s’était pelotonnée sur le seuil, le coude au genou, le menton dans la paume de la main, le suivit du regard jusqu’à ce qu’il se perdît sous les arceaux de feuillage. Depuis longtemps déjà