Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/179

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vit cette trace, qui le mena, en passant sous la tonnelle, du pylône de la cour à la porte d’eau. Les verrous, comme il en fit la remarque à Nofré, avaient été tirés, et les battants ne joignaient que par leur poids ; donc la fille de Pétamounoph s’était envolée par là.

Plus loin la trace se perdait. Le quai de briques n’avait gardé aucune empreinte. Le batelier qui avait passé Tahoser n’était pas revenu à sa station. Les autres dormaient, et, interrogés, répondirent qu’ils n’avaient rien vu. Un seul dit qu’une femme, pauvrement vêtue et semblant appartenir à la dernière classe du peuple, s’était rendue de grand matin de l’autre côté du fleuve, au quartier des Memnonia, sans doute pour accomplir quelque rite funèbre.

Ce signalement, qui ne se rapportait en aucune façon à l’élégante Tahoser, dérouta complètement les idées de Nofré et de Souhem.

Ils rentrèrent dans la maison, tristes et désappointés. Les serviteurs et les servantes s’assirent à terre dans des attitudes de désolation, laissant pendre une de leurs mains la paume tournée vers le ciel et mettant l’autre sur leur tête, et tous s’écrièrent comme un chœur plaintif : « Malheur ! malheur ! malheur ! la maîtresse est partie ! »