Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/180

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— Par Oms, chien des enfers ! je la retrouverai, dit le vieux Souhem, dussé-je pénétrer vivant jusqu’au fond de la région occidentale vers laquelle voyagent les morts. C’était une bonne maîtresse ; elle nous donnait la nourriture en abondance, n’exigeait pas de nous des travaux excessifs, et ne nous faisait battre qu’avec justice et modération. Son pied n’était pas lourd à nos nuques inclinées, et chez elle l’esclave pouvait se croire libre.

« Malheur ! malheur ! malheur ! répétèrent hommes et femmes en se jetant de la poussière sur la tête.

— Hélas ! chère maîtresse, qui sait où tu es maintenant ? dit la fidèle suivante, laissant couler ses larmes. Peut-être un magicien t’a fait sortir de ton palais par quelque conjuration irrésistible, pour accomplir sur toi un odieux maléfice ; il lacérera ton beau corps, en retirera le cœur par une incision, comme un paraschiste, jettera tes restes à la voracité des crocodiles, et ton âme mutilée ne retrouvera au jour de la réunion que des lambeaux informes. Tu n’iras pas rejoindre au fond des syringes, dont le colchyte garde le plan, la momie peinte et dorée de ton père, le grand prêtre Pétamounoph, dans la chambre funèbre creusée pour toi !