Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/218

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mopht étendit ses bras vers le roi avec un geste suppliant.

« Ô roi, ne me fais pas mourir ni battre outre mesure ; la belle Tahoser, fille de Pétamounoph, sur laquelle ton désir a daigné descendre comme un épervier qui fond sur une colombe, se retrouvera sans doute, et quand, de retour à sa demeure, elle verra tes magnifiques présents, son cœur sera touché, et, d’elle-même, elle viendra, parmi les femmes qui habitent ton gynécée, prendre la place que tu lui assigneras.

— As-tu interrogé ses servantes et ses esclaves ? dit le Pharaon ; le bâton délie les langues les plus rebelles, et la souffrance fait dire ce qu’on voudrait cacher.

— Nofré et Souhem, sa suivante favorite et son plus vieux serviteur, m’ont dit qu’ils avaient remarqué que les verrous de la porte du jardin étaient tirés, et que probablement leur maîtresse était sortie par là. La porte donne sur le fleuve, et l’eau ne garde pas le sillage des barques.

— Qu’ont dit les bateliers du Nil ?

— Ils n’avaient rien vu ; un seul a dit qu’une femme pauvrement vêtue avait passé le fleuve aux premières lueurs du jour. Mais ce ne pouvait être la belle et riche Tahoser dont tu as remarqué toi-