Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/217

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divinités ibiocéphales allonger leur col, les globes dégager des corniches leurs ailes de pierre et les faire palpiter. Une vie étrange et fantastique animait ces représentations bizarres, peuplant d’apparences vivantes la solitude de la salle énorme, grande à elle seule comme un palais tout entier. Ces divinités, ces ancêtres, ces monstres chimériques, dans leur immobilité éternelle, étaient surpris de voir le Pharaon, ordinairement aussi calme qu’eux mêmes, aller, venir, comme si ses membres fussent de chair, et non de porphyre ou de basalte.

Las de tourner dans ce monstrueux bois de colonnes soutenant un ciel de granit, comme un lion qui cherche la piste de sa proie et flaire de son mufle froncé le sable mobile du désert, Pharaon monta sur une terrasse du palais, s’allongea sur un lit bas et fit appeler Timopht.

Timopht parut et s’avança du haut de l’escalier jusqu’au Pharaon en se prosternant à chaque pas. Il redoutait la colère du maître dont un instant il avait espéré la faveur. L’habileté déployée à découvrir la demeure de Tahoser suffirait-elle pour faire excuser le crime d’avoir perdu la trace de cette belle fille.

Relevant un genou et laissant l’autre ployé, Ti-