Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/224

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Mou descendait majestueusement vers la mer.

Planant par l’œil et la pensée sur cette ville démesurée dont il était le maître absolu, Pharaon réfléchissait tristement aux bornes du pouvoir humain, et son désir, comme un vautour affamé, lui rongeait le cœur ; il se disait :

« Toutes ces maisons renferment des êtres dont mon aspect fait courber le front dans la poussière, et pour qui ma volonté est un ordre des dieux. Lorsque je passe sur mon char d’or ou dans ma litière portée par des oëris, les vierges sentent leur sein palpiter en me suivant d’un long regard timide ; les prêtres m’encensent avec la fumée des amschirs ; le peuple balance des palmes ou répand des fleurs ; le sifflement d’une de mes flèches fait trembler les nations, et les murs des pylônes, immenses comme des montagnes taillées à pic, suffisent à peine pour inscrire mes victoires ; les carrières s’épuisent à fournir du granit pour mes images colossales ; une fois, dans ma satiété superbe, je forme un souhait, et ce souhait je ne peux l’accomplir ! Timopht ne reparaît pas : il n’aura rien trouvé sans doute. Ô Tahoser, Tahoser, que de bonheur tu me dois pour cette attente ! »

Cependant les émissaires, Timopht en tête, visitaient les maisons, battaient les routes, s’in-