Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/232

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course à travers les quartiers perdus de Thèbes avaient épuisé la fille de Pétamounoph. Son corps délicat était brisé, et bientôt ses longs cils s’abaissèrent, formant un demi-cercle noir sur ses joues que coloraient les rougeurs de la fièvre. Le sommeil vint, mais agité, inquiet, traversé de songes bizarres, hanté d’hallucinations menaçantes ; des soubresauts nerveux faisaient tressaillir la dormeuse, et des paroles sans suite, répliquant au dialogue intérieur du rêve, balbutiaient sur ses lèvres entrouvertes.

Assise au chevet du lit, Ra’hel suivait les mouvements de physionomie de Tahoser, s’inquiétant lorsqu’elle voyait les traits de la jeune malade se contracter et prendre une expression douloureuse, se rassérénant quand le calme lui revenait ; Thamar, accroupie en face de sa maîtresse, observait aussi la fille du prêtre ; mais sa figure exprimait moins de bienveillance. Des instincts vulgaires se lisaient dans les rides de son front bas, pressé par la large bandelette de la coiffure israélite ; ses yeux, éclatants encore malgré l’âge, pétillaient de curiosité interrogative dans leurs orbites de rides brunes ; son nez osseux, luisant et recourbé comme le bec d’un gypaète, semblait subodorer des secrets, et ses lèvres remuées