Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/236

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

main, adoucie par les pâtes et les aromates, n’a jamais travaillé ; cette misère est un déguisement. »

Les paroles de Thamar parurent faire impression sur Ra’hel ; elle examina Tahoser avec plus d’attention.

La lampe versait sur elle ses rayons tremblotants, et les formes pures de la fille du prêtre se dessinaient à la jaune clarté dans l’abandon du sommeil. Le bras que Thamar avait soulevé reposait encore sur le manteau de laine rayée, rendu plus blanc par le contraste de l’étoffe sombre ; au poignet s’arrondissait le bracelet en bois de santal, parure grossière de la coquetterie pauvre, mais si l’ornement était rude et mal ciselé, la chair, en effet, semblait avoir été pétrie dans le bain parfumé de la richesse. Ra’hel vit alors combien Tahoser était belle ; mais cette découverte ne fit naître aucun mauvais sentiment dans son cœur. Cette beauté l’attendrit au lieu de l’irriter comme Thamar. Elle ne put croire que cette perfection cachât une âme abjecte et perfide, et en cela sa jeune candeur jugeait mieux que l’antique expérience de sa suivante.

Le jour parut enfin, et la fièvre de Tahoser