Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/241

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arrière-pensée. Elle n’en voulait pas à Tahoser d’aimer celui qu’elle aimait elle-même.

À travers les fantômes de ses rêves, Tahoser aperçut Poëri debout auprès d’elle. Une joie extatique se peignit sur sa figure, et, se soulevant à demi, elle saisit la main pendante du jeune homme pour la porter à ses lèvres.

« Ses lèvres brûlent, dit Poëri en retirant sa main.

— D’amour autant que de fièvre, fit Ra’hel ; mais elle est vraiment malade ; si Thamar allait chercher Mosché ? il est plus savant que les sages et les devins de Pharaon, dont il imite tous les prodiges ; il connaît la vertu des plantes et sait en composer des breuvages qui ressusciteraient les morts ; il guérira Tahoser, car je ne suis pas assez cruelle pour vouloir qu’elle perde la vie. »

Thamar partit en rechignant, et bientôt elle revint suivie d’un vieillard de haute stature, dont l’aspect majestueux commandait le respect : une immense barbe blanche descendait à flots sur sa poitrine, et de chaque côté de son front deux protubérances énormes accrochaient et retenaient la lumière ; on eût dit deux cornes ou deux rayons. Sous ses épais sourcils ses yeux