Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/253

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de terre mêlée de paille, que rien ne distingue des huttes qui l’avoisinent, parmi les tas de briques que les Hébreux moulent pour toi, hors des habitations régulières de la ville.

— Bien, je me fie à toi ; Timopht, fais atteler un char.

Timopht disparut.

Bientôt l’on entendit rouler les roues sur les dalles de la cour et piétiner les chevaux que les écuyers attachaient au joug.

Pharaon descendit, suivi de Thamar.

Il s’élança sur le char, prit les rênes, et, comme Thamar hésitait : « Allons, monte », dit-il ; il clappa de la langue, et les chevaux partirent. Les échos, réveillés, répétèrent le bruit des roues, qui retentirent comme un tonnerre sourd, au milieu du silence nocturne, par les salles vastes et profondes.

Cette vieille hideuse, s’accrochant de ses doigts osseux au rebord du char, à côté de ce Pharaon de stature colossale et semblable à un dieu, formait un étrange spectacle qui, heureusement, n’avait pour témoin que les étoiles scintillant dans le bleu noir du ciel ; placée ainsi, elle ressemblait à un de ces mauvais génies à configuration monstrueuse qui accompagnent les âmes coupables