Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/285

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notre Dieu, de peur qu’il ne nous frappe de la peste ou du glaive. »

Aharon confirma par un signe de tête la demande de Mosché.

« Pourquoi détournez-vous le peuple de ses occupations ? répondit le Pharaon. Allez à vos travaux. Heureusement pour vous que je suis aujourd’hui d’humeur clémente, car j’aurais pu vous faire battre de verges, couper le nez et les oreilles, jeter tout vifs aux crocodiles. Sachez, je veux bien vous le dire, qu’il n’y a d’autre dieu qu’Ammon-Ra, l’être suprême et primordial, à la fois mâle et femelle, son propre père et sa propre mère, dont il est aussi le mari ; de lui découlent tous les autres dieux qui relient le ciel à la terre, et ne sont que des formes de ces deux principes constituants ; les sages le connaissent, et les prêtres qui ont longtemps étudié les mystères dans les collèges et au fond des temples consacrés à ses représentations diverses. N’alléguez donc pas un autre dieu de votre invention pour émouvoir les Hébreux à la révolte et les empêcher d’accomplir la tâche imposée. Votre prétexte de sacrifice est transparent : vous voulez fuir ; retirez-vous de devant ma face et continuez à mouler l’argile pour mes édifices royaux et sacerdotaux, pour