Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/98

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Tahoser. En effet, Ahmosis était charmant : son profil ressemblait aux images des Dieux taillées par les plus habiles sculpteurs ; ses traits fiers, réguliers égalaient en beauté ceux d’une femme ; son nez légèrement aquilin, ses yeux d’un noir brillant, agrandis d’antimoine, ses joues aux contours polis, d’un grain aussi doux que celui de l’albâtre oriental, ses lèvres bien modelées, l’élégance de sa haute taille, son buste aux épaules larges, aux hanches étroites, ses bras vigoureux, où cependant nul muscle ne faisait saillir son relief grossier, avaient tout ce qu’il faut pour séduire les plus difficiles ; mais Tahoser ne l’aimait pas, quoi qu’en pensât Nofré.

Une autre idée qu’elle n’exprima pas, car elle ne croyait pas Nofré capable de la comprendre, détermina la jeune fille : elle secoua sa nonchalance, quitta son fauteuil avec une vivacité qu’on n’aurait pas attendue d’elle, à l’attitude brisée qu’elle avait gardée pendant les chœurs et les danses. Nofré, agenouillée à ses pieds, lui chaussa des espèces de patins au bec recourbé, jeta de la poudre odorante sur ses cheveux, tira d’une boîte quelques bracelets en forme de serpent, quelques bagues ayant pour chaton le scarabée sacré ; lui mit aux joues un peu de fard vert, que le