Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/99

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contact de la peau fit immédiatement rosir ; polit ses ongles avec un cosmétique, rajusta les plis un peu froissés de sa calasiris, en suivante zélée, qui veut faire paraître sa maîtresse dans tous ses avantages ; puis elle appela deux ou trois serviteurs, et leur dit de faire préparer la barque et passer de l’autre côté du fleuve le chariot et son attelage.

Le palais, ou, si ce titre semble trop pompeux, la maison de Tahoser s’élevait tout près du Nil, dont elle n’était séparée que par des jardins. La fille de Pétamounoph, la main posée sur l’épaule de Nofré, précédée de ses serviteurs, suivit jusqu’à la porte d’eau la tonnelle, dont les pampres, tamisant le soleil, bigarraient d’ombre et de clair sa charmante figure. Elle arriva bientôt sur un large quai de briques, où fourmillait une foule immense, attendant le départ ou le retour des embarcations.

Oph, la colossale cité, ne renfermait plus dans son sein que les malades, les infirmes, les vieillards incapables de se mouvoir, et les esclaves chargés de garder les maisons : par les rues, par les places, par les dromos, par les allées de sphinx, par les pylônes, par les quais coulait un fleuve d’êtres humains se dirigeant vers le Nil. La