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le second rang du collier

beaucoup. Il fut très aimable pour ma sœur et pour moi ; je me souviens qu’il admira notre coiffure, et nous demanda des détails afin de pouvoir apprendre à ses filles la façon d’arranger leurs cheveux de même.

Dans cette maison meublée, de Penton Square, il y avait, au second étage, d’autres locataires que nous, entre autres un horse-guard tout habillé de rouge, si étonnamment maigre et long, que nous ne pouvions nous retenir de le regarder, peut-être avec trop d’insistance : il était plus timide qu’une jeune fille, et notre effronterie lui causait une peur folle, tellement que s’il lui arrivait d’ouvrir sa porte au moment où nous ouvrions la nôtre, il se rejetait en arrière, la refermait brusquement et n’osait plus sortir de longtemps.

Un matin, à notre grande terreur, tandis que nous nous habillions, deux ramoneurs, noirs comme le diable, en chapeau haut de forme, entrèrent dans notre chambre par la fenêtre qui s’ouvrait sur des toits en terrasse !… Nos cris, nos réclamations indignées, dans une langue qu’ils ne comprenaient pas, les laissèrent parfaitement impassibles. Ils farfouillèrent dans la cheminée, sans se presser le moins du monde, puis s’en allèrent bar le même chemin.

Le sans-gêne des anglais est d’ailleurs ce qui me frappa le plus à Londres.

J’ai gardé peu de souvenirs de l’Exposition uni-