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le second rang du collier

saient des volailles, derrière un étalage de pâtés et de quartiers de viande. L’image du saint donnait l’occasion à Puvis de peindre un homme admirable, cuisant sur le gril.

Le décor de la seconde pièce n’était pas très différent du premier, puisqu’il devait représenter une place publique, devant la maison de Géronte.

On aurait pu, à la rigueur, jouer les pièces dans le même décor. Mais Puvis tenait à en faire deux, et il se tourmentait encore en cherchant la façon de les varier. Il imagina, pour le Tricorne, de choisir quelque ville du Midi, claire et colorée, qui contrasterait heureusement avec le bistre de la vieille rue moyenâgeuse de Pierrot posthume. Au milieu de la scène, il plaça une fontaine de marbre, avec un jet d’eau, et, tout auprès, éclaboussé de gouttelettes, un laurier-rose en fleur. La première coulisse, à droite du spectateur, une boutique de marchande de fruits, fut le motif d’une remarquable nature morte, à laquelle Puvis s’appliqua tout spécialement. Sous l’auvent bariolé, des tranches de pastèques montraient leur pulpe rose semée de pépins noirs, à côté de pyramides d’oranges, de paniers de pêches et de grappes de raisins bleus ou dorés. C’était parfait… La maison de Géronte, avec un balcon praticable, s’élevait à gauche.

Les costumes nous donnaient beaucoup à faire. Celui de mon père, dans Pierrot posthume, reproduisait exactement l’image représentant « le Doc-